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Santé Sexuelle au Féminin
L’hymen se perd au moment du premier rapport sexuel
Marie hélène Colson
L’hymen, dont le nom vient d’Hyménée, Dieu grec du mariage et des noces, est une formation membraneuse, un mince repli de membrane rosé, bien protégé par
les grandes et les petites lèvres, et qui sépare le vagin de la vulve. Sa fonction est incertaine, et sert peut être de barrière contre les infections chez
la jeune fille. On le retrouve dans d’autres espèces animales, chez les chimpanzés, la baleine, et d’autres mammifères. L’hymen obstrue plus ou moins bien
l’entrée du vagin, et sa fermeture, qui n’est pas complète, permet l’écoulement du sang lors des règles.
Traditionnellement, l’hymen se perd au moment du premier rapport sexuel et sa rupture lors de la pénétration par le sexe de l’homme s’accompagne d’un
saignement plus ou moins important.
Pour de nombreuses civilisations, et encore aujourd’hui dans une grande partie du monde, la virginité de la jeune fille est essentielle. Au sein d’une
population où la séparation des sexes est la règle, elle permet à l’homme qui va prendre femme de s’assurer de la pureté de son lignage à venir. L’origine
de cette tradition est très ancienne et remonte à l’époque de la sédentarisation, et du développement de l’élevage, qui fut aussi celle de la prise de
conscience du rôle joué par l’homme dans la conception. C’est à la même époque que la femme, ainsi devenue passage obligé de l’homme vers sa descendance,
verra son horizon social se rétrécir au cadre limité du gynécée et de la maison, de l’élevage des enfants et de la préparation des repas. Certaines
civilisations, pour mieux se prémunir contre toute possibilité d’infidélité féminine, limiteront aussi l’espace géographique des femmes en les cantonnant
dans des lieux interdits aux hommes comme les harems, en particulier au Moyen Orient et en Asie, ou derrière le « Purdah » en Inde. Souvent, un voile
viendra renforcer les mesures de sécurité, par surcroît de prudence, comme dans l’Islam qui recommande, dans son fameux verset dit du « hidjâb » (Coran
33.53), « aux femmes des croyants de revêtir leur djilbâb », simple voile ou « Burqa » qui enferme la tête entière à l’afghane, afin « d’être reconnues
pour des dames et d’échapper à toute offense », c’est-à-dire d’éviter de tenter d’autres hommes et d’être ainsi infidèles à leur époux.
Symbole de la pureté de la femme que l’on va épouser, l’hymen, tout comme le voile, prend aussi le sens dans de nombreuses civilisations, de l’obéissance
et de la stricte soumission de la femme à son père, à sa famille, à la loi, à la religion, à la tradition. Dans un monde où le mariage est encore arrangé
entre deux familles pour la transmission des biens et des valeurs, et entre jeunes gens qui bien souvent ne se connaissent pas, l’hymen intact est la seule
garantie à offrir du bon comportement futur de l’épouse. La virginité des jeunes filles appartient à toute la famille et souvent à tout le clan. De nos
jours encore, la coutume veut que l’on présente le drap ensanglanté par la perte de la virginité de l’épouse, le soir de la nuit de noces. Les parents des
deux familles attendent derrière la porte pour obtenir ce gage indispensable à une bonne entente entre tous. Les parents de la mariée font ainsi la preuve
au grand jour de la bonne éducation qu’ils ont donnée à leur fille. Les parents du marié savent alors qu’ils peuvent recevoir cette jeune femme parmi eux,
et qu’elle sera obéissante et digne de transmettre à ses enfants ce qu’elle a reçu de ses parents. Dans la salle commune, la fête bat son plein et les
vielles femmes en profitent pour renforcer auprès des plus jeunes les mises en garde contre les transgressions du tabou de la virginité. En l’absence de la
trace sanglante de la preuve de la virginité, les conséquences peuvent être dramatiques pour la jeune fille, qui risque la répudiation, le non paiement de
sa dot, la diminution de son statut, voire sa vie elle-même.
Mais l’hymen, qui peut quelquefois être absent, peut aussi présenter de nombreuses variations anatomiques. Certains hymens complets, sans perforations,
peuvent réaliser une fermeture intégrale du vagin et être responsables de rétention douloureuse du sang des règles qui s’accumule sans pouvoir être évacué
(hematocolpos), et il faudra les inciser chirurgicalement afin d’éviter de souffrir tous les mois. Dans d’autres cas au contraire, l’hymen est à l’origine
très tolérant. Il permet l’introduction d’un ou de deux doigts, et il n’y aura pas de saignement lors d’un premier rapport sexuel, car il contentera de se
dilater sans se déchirer. Toutes les variantes existent entre ces extrêmes et lors de la défloration, le saignement sera davantage lié à la mesure de
l’élasticité de la membrane hymenéale qu’à celle de la virginité de la jeune fille.
La rupture de l’hymen peut aussi se réaliser dans d’autres conditions, comme certains traumatismes, et les jeunes filles d’aujourd’hui, qui, contrairement
à leurs grands-mères, font du sport et utilisent des tampons périodiques bien avant leurs premiers rapports, signalent souvent une absence de saignement au
moment de la première pénétration vaginale. Il est donc très difficile au médecin qui peut, en revanche, constater facilement l’absence de l’hymen à la
demande des parents par exemple, de pouvoir en déterminer avec exactitude la cause réelle.
Quelquefois encore, c’est un viol ou un traumatisme sexuel qui peut avoir été à l’origine de la perte de l’hymen chez la petite fille. Il faut savoir que
60% des agressions sexuelles et incestes perpétrés en France le sont sur des fillettes d’âge préscolaire et des jeunes filles impubères (SNATEM, 1998).
On comprend donc que cette petite membrane, totalement insignifiante et capricieuse sur le plan anatomique, ait pu faire couler autant d’encre que de
larmes, à partir du moment où on la considère comme le seul indicateur visible et fiable de la virginité des filles, garante de leur chasteté avant le
mariage, et de leur valeur de future épouse.
Mais il existe heureusement de nombreuses manières de contourner la difficulté et de transgresser les règles traditionnelles. De tous temps les jeunes
filles, pour pouvoir avoir des rapports sexuels en toute impunité, ont su conjuguer autrement le verbe aimer, et cultiver l’art des relations sexuelles
sans pénétration vaginale, par exemple par des caresses externes ou avec une pénétration anale. Il arrive aussi assez souvent que les deux époux, lors de
l’épreuve du drap ensanglanté, prévoient ensemble d’utiliser du sang animal, soit parce qu’ils ont déjà secrètement consommé leur union, soit pour avoir le
temps de le faire en toute intimité plus tard. Et pour celles qui ont été victimes de traumatismes sexuels ou de leur imprudence, le recours à la chirurgie
réparatrice reste très fréquent. Un article du très fameux « Lancet » signalait en 1996, que la chirurgie de l’hymen avait permis de réduire de 80% les
meurtres commis au nom de l’honneur en Égypte.
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