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Santé Sexuelle au Féminin
Pornographie et relation sexuelle
Marie hélène Colson
Les représentations graphiques de scènes de sexualité semblent aussi anciennes que l’humanité et la sexualité elles-mêmes. On les associe la plupart du
temps pudiquement à des rites de fécondité, sauf quand il est trop criant qu’elles sont là pour susciter l’excitation, comme sur les fresques des lupanars
de Rome ou de Pompeï, qui ne laissent aucun doute sur les intentions picturales de leurs auteurs.
Si le terme de « pornographe » est déjà utilisé au II° siècle de notre ère pour désigner les meilleurs artistes dans l’art de représenter les choses de
l’amour, celui de « pornographie », au sens où nous l’entendons aujourd’hui, c'est-à-dire production d’images ou de textes obscènes, est plus récent et
n’apparaît que vers 1769, avec Restif de la Bretonne, pour se généraliser à partir des années 1830.
Nous avons habituellement coutume d’opposer pornographie à érotisme, l’un étant admis, voire même souhaitable, l’autre politiquement incorrect. En fait la
frontière entre les deux est assez ténue et tient davantage à la forme qu’au fond lui-même. La pornographie est indissociable tout à la fois des supports
de représentation qu’elle utilise et qui la diffusent, et de la répression qu’elle provoque en retour. Supports, diffusion et répression semblent
s’organiser en une triade dynamique dont chacun des éléments se nourrit et se renforce tout à tour inlassablement.
Si les anciens étaient plutôt tolérants dans leurs représentations de la sexualité qui s’expose largement et aux yeux de tous, sur les murs de la Rome
Antique, sur les miniatures persanes, avec l’art des « Shunga » en Chine et dans le « monde flottant » du Japon, rien de tel dans notre Occident chrétien
qui manie très vite la répression à l’encontre de la sexualité révélée.
Dès l’an 8 de notre ère, Ovide se voit exilé très loin, dans une ville de notre actuelle Roumanie dont il ne reviendra pas, par Auguste Imperator qui
cherche à réformer des mœurs qu’il juge trop dissolues, et n’a pas du tout apprécié son « Art d’aimer ». Les choses iront vers toujours plus de répression,
pour culminer du XIX° siècle au début du suivant. Et bizarrement, plus la répression de la pornographie devient sévère, plus les supports utilisés pour la
diffuser se diversifient et la font évoluer. Livres, gravures, peintures qui circulent « sous le manteau » ou restent enfermés dans « l’enfer » des
bibliothèques ou des galeries d’art privées, comme le célèbre tableau de Courbet, « l’origine du monde » qui ne sera exposé qu’en 1995, cent trente ans
après sa réalisation, cèdent la place aux daguerréotypes, photographies, films, puis cassettes vidéos. Dans notre société actuelle ou l’écriture dominante
est celle de l’image, Theodor Holm Nelson, l’inventeur du système de navigation informatique Hypertext, avait prévu dès 1974 l’application rose d’Internet,
qu’il avait ludiquement baptisée « teledildonics », nous rapporte le journaliste Howard Rheingold en 1991. Toujours d’après Rheinglod, Nelson appliqua ce
terme à l’invention de How Wachspress, pour convertir les sons en sensations tactiles. Rappelons que le terme « dildo » signifie « gode », et que le
minitel, rose ou pas, n’apparaîtra qu’en 1983 et en France seulement, sans jamais parvenir aux USA.
L’évolution des supports techniques des représentations de la sexualité est dialectiquement liée à celle de la sexualité elle-même. En particulier
l’apparition de trois nouveaux supports, le cinéma, les cassettes vidéos et Internet ont marqué un tournant décisif à la fois de la pornographie et de la
sexualité des sociétés modernes. Ils ont donné une impulsion à un phénomène nouveau, la pornographie de masse, jamais imaginée auparavant, lorsque les
représentations graphiques de sexualité restaient la propriété d’une poignée d’esthètes et de privilégiés fortunés.
Le cinéma marque le premier tournant important de l’histoire de la pornographie. En montrant crûment les choses de la sexualité, les sexes, les pratiques
sexuelles, il ne se contente pas de les suggérer, mais en souligne les détails et hyperréalisme. La cassette vidéo accentue le processus en permettant
l’arrêt sur image et l’intimité du domicile. Tous deux permettent d’hypertrophier la principale caractéristique du pornographique : c’est le détail sexuel
qui joue le rôle de déclencheur de l’excitation sexuelle, pas la relation à l’autre ou l’émotion amoureuse. L’outil internet permet la généralisation de la
pornographie et son internationalisation sans frontière. Tous trois sont des facteurs de mutation en faveur de nouvelles formes généralisées d’une
sexualité régressive à des stades archaïques et a-relationnels, supports de la pensée unique de leur concepteur.
C’est certainement à cause de cela que les femmes semblent souvent peu concernées par la pornographie, si l’on excepte l’onde de choc du mouvement
féministe des sixties, partant à l’assaut de la pornographie pour se libérer d’une autre forme d’emprise d’une culture toute masculine. Pour elles, plus
sensibles à l’émotion, refuser le pornographique, c’est aussi refuser d’être objet d’une excitation masculine à sens unique, de se laisser « chosifier » et
de s’offrir au plaisir de l’homme et à sa toute puissance virile. “La pornographie est la théorie, le viol est la pratique” diront les féministes pour
mieux marquer que violence et pornographie vont de pair pour soumettre les plus faibles, enfants et femmes, au pouvoir dominant masculin.
Avec les années quatre vingt, les femmes semblent s’emparer de la part jusque là réservée aux hommes, et devenir acteurs dans un domaine où elles n’avaient
jamais été qu’utilisées comme objets sexuels auparavant. En art, littérature, au cinéma, le bouleversement des rapports hommes femmes se marque y compris
dans le domaine de la pornographie. Dans le sillage des associations lesbiennes, elles réinventent le godemiché et le baptisent « Sex Toys », à l’image
d’une pornographie « high tech » déculpabilisée et relookée, représentative d’une nouvelle génération du plaisir solitaire au féminin.
Le peintre Louis Cane, avait coutume de dire que « la pornographie est le refoulé de l’érotisme ». Et peut être effectivement est ce bien la face cachée de
nos fantasmes, la part la plus archaïque de notre sexualité que nous exprimons dans la pornographie. Mais cela n’est pas réservé aux hommes. Les femmes se
la sont tout autant appropriée aujourd’hui, et la conjugue à leur manière, avec leur propre imaginaire.
Il n’en reste pas moins que, lorsque l’on interroge hommes et femmes sur la manière la plus propice de déclencher pour eux un rapport sexuel (Ipsos santé,
2004), tous deux sont unanimes pour répondre « un moment privilégié à deux », très loin devant « un film érotique » qui ne recueille que 7% des suffrages
masculins contre 3% de ceux des femmes.
La relation à deux reste pour les hommes comme pour les femmes d’aujourd’hui le meilleur moyen de se rapprocher de l’autre, de ressentir en partageant et
en s’unissant.
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Revue scientifique et référencée des professionnels de santé. |
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Revue de sexologie des professionnels de santé |
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